#2050robot la série algorithmique pour découvrir le robot de vos rêves
La technocritique repose sur une discipline d’autant plus particulière que si chacun la pratique au quotidien dans la vision de son avenir professionnel, familial ou consumériste, elle ne prend son vraie sens qu’une fois envisagée de manière globale et en lien avec d’autres données d’apparence plus diffuse.
Dire que dans deux ans on aura une promotion, que de nouvelles compétences permettront de se faire embaucher dans une meilleure boite, qu’en allant faire de la muscu ou du footing deux fois par semaine on perdra du poids ou de la masse musculaire, ce qui nous rendra plus séduisant, que cette fille deviendra notre femme et portera nos enfants, que la prochaine xbox sera terrible et l’iphone 12 moins cher que le 11, tout ça relève de la prospective individuelle.
Partant de ses attentes, de ce qu’on est, de ce qu’on aime ou déteste, nous nous projetons dans le futur et nommons nos désirs et nos craintes. La technocritique, en tant que prospective sociétale d’orientation technique, n’en diffère guère, si ce n’est qu’elle considère plus d’éléments dans son diagnostic final et ne considère pas l’individu en tant que finalité.
Le but de ce blog était de se projeter dans une prospective à court terme des orientations techniques de notre société, d’expliquer ses ressorts et de montrer les tenants et aboutissants de ce qui nous était présenté comme des prouesses techniques, comme des rêves devenus réalité. Ce faisant, cela nous devient désirable, indispensable, cela devient l’horizon indépassable de notre société technicienne.
La prochaine série d’article prendra un parti-pris précis. Elle prendra place en 2050, dans une prospective suffisamment lointaine pour que l’imprécision devienne la règle, l’erreur la norme. En 30 ans, trop de divergences sont possibles, trop de chemins de traverse s’offriront à nous pour que je puisse espérer tomber juste, mais cet exercice a la vertu de nous offrir quelques cauchemars, de nous montrer ce qu’il est possible d’atteindre sans réaction technocritique.
En 2050, la crise climatique sera plus forte que jamais. Les gouvernements occidentaux auront continué à tergiverser, à nier leur responsabilité, à pointer du doigt les pays vers lesquels ils ont délocalisé leur industrie et in fine, à rester les bras croisés.
Refusant de lutter contre l’évasion et l’optimisation fiscale, allégeant la taxation des entreprises et des haut revenus, ils auront de ce fait diminué leurs marges de manœuvre, ce qui les aura empêché de contribuer au fonds vert pour le climat. Ce fonds, institué en 2010 et qui devait entrer en vigueur en 2020 avec un budget de 100 Milliards de dollars censés permettre de lutter contre les conséquences du changement climatique, ne verra jamais le jour.
Acculés par la montée des eaux, l’avancée des déserts, l’épuisement des sols et le stress hydrique, la plupart des pays du Sud se sont effondrés en quelques années, plongeant dans le chaos. Leurs populations, n’ayant plus d’état pour coordonner leurs efforts, ont tenté de migrer en masse vers les pays de l’hémisphère nord, moins touchés par la crise. Le capitalisme aspira avec délectation cette armée de travailleurs de réserve…
Le réchauffement climatique aura ainsi atteint les +2,14° et le co2 représentera 824ppm dans l’atmosphère. La fonte progressive du Permafrost en Sibérie et au Canada rendent tout retour en arrière très improbable au fur et à mesure que le méthane, bien plus néfaste que le CO2, se répand. Malgré les efforts entrepris, de par l’inertie même des gaz à effets de serre, les trajectoires les plus optimistes tablaient sur +4° d’ici à la fin du siècle.
De toute manière les océans sont morts entretemps, saturés de co2, et la plupart des forêts auront péri, d’abord brûlé pour laisser la place à une agriculture extensive, puis par la suite anéanti par l’action conjointe des sécheresses et des incendies géants. Il n’existe plus guère de puits de carbone naturels.
Pourtant, l’Europe a longtemps cru qu’elle pouvait s’en sortir. La crise économique de 2020 avait provoqué une nouvelle récession pour laquelle le technosolutionnisme climatique a représenté une opportunité inespérée de relever la tête. En quelques années, les startup de l’IA et de la robotique ont détruit l’ancien système économique, le remplaçant par une nouvelle économie 3.0.
S’accaparant les derniers gisements de terres rares, de métaux et d’autres éléments vitaux à la production industrielle, quelques multinationales auront bâti ce nouvel ordre mondial qui n’était jusqu’alors qu’une théorie du complot. Et dicté leurs conditions aux états, leur laissant le choix de maintenir un décorum démocratique ou de disparaître corps et biens.
Exsangue, ayant déjà trop délégué à ces multinationales qui mordaient la main qui les avait jusque là nourris, les Etats de l’Union Européenne durent admettre leur défaite et se satisfaire de la situation. Ainsi, quand la sécurité sociale et le droit du travail furent remplacés par un revenu de base et un recours excessif à la contractualisation sans limite légale, ils laissèrent faire.
Désormais, vous pouviez vendre vos organes, votre espérance de vie, vos enfants sans aucun souci si vous aviez signé le contrat de votre plein gré, sans contrainte. Et si vous étiez d’accord pour gagner 1€ de l’heure, c’était votre problème.
Dès lors les derniers fondements de la république ne pouvaient plus que céder, les libertés étaient toutes monnayables, et le droit de propriété devint caduc quand l’état d’urgence climatique fut utilisé comme argument massue pour déposséder les individus de leurs voitures (chèrement acquises), de leurs F2 de banlieue (avec crédit sur 40 ans) et même de ce qu’ils pouvaient porter (grâce aux pubs omniprésentes). Les hommes n’étaient plus qu’une variable d’ajustement dans le système technicien.
Ce qui tombait plutôt bien puisqu’après avoir atteint la singularité en 2032, les ordinateurs avaient pris une place démesurée dans la société, s’emparant de professions que l’on croyait jusqu’alors le privilège des humains. Intellectuelles ou requiérant une habileté extraordinaire, peu de professions pouvaient ainsi échapper aux incroyables développements de la robotique.
Dans cet société future, où les robots pourraient occuper une place prépondérante dans nos existences, je vous proposerai de découvrir le portrait des 50 robots auxquels vous ne vous attendez pas.